L’innovation est un thème en vogue dans le champ de l’accompagnement des entreprises. Se multiplient les journées de l’innovation, les Start up week-ends, les séminaires divers, … Ces évènements sont importants dans la compréhension des enjeux à innover, dans leur capacité à libérer les individus et à leur faire prendre conscience de leur pouvoir créatif. Ils permettent à un groupe de s’écouter, de coopérer (sur des enjeux clairs !), d’apprécier sa diversité (de modes de pensée, d’expression, de vision du monde), d’appréhender physiquement et émotionnellement ce qu’est le jeu collectif.
Au sein de l’entreprise, un collaborateur peut alors expérimenter une nouvelle posture individuelle, faire confiance, lâcher des croyances sur lui, les autres et l’exercice, être contributeur dans son domaine d’expertise ou par son regard.
Mettre ses collaborateurs en situation (capacité ?) d’innovation offre la possibilité à un manager d’explorer une autre posture managériale, favorisant la curiosité. Souvent le process même de travail est différent des modalités de travail réel dans l’entreprise et apprenant sur « comment faire différemment ».
C’est un objectif possible et louable. Il amorce la prise de conscience de la responsabilité et la capacité de chacun, à son poste, d’apporter un peu plus que « son geste » de travail quotidien – quelle que soit sa fonction.
Mais si le développement de l’innovation est un enjeu de survie sur le marché, les leaders doivent accepter que ces évènements – s’ils peuvent être des outils fondateurs – ne sont pas pour autant suffisants pour générer un esprit d’innovation dans l’entreprise. La capacité d’innovation découverte par le collectif ne pourra fructifier que dans la proposition de modification de l’organisation du travail (ce qui remet en cause le travail prescrit, les procédures, parfois les normes établies). Elle ne pourra produire des résultats tangibles et récurrents que si elle s’inscrit dans un sens profond, structuré et partagé par l’ensemble des collaborateurs (à quoi contribuons-nous sur notre marché, dans la société, dans notre environnement ?). Ce sens facilite l’explicitation des critères de tri entre « les inventions » qui prennent corps dans l’entreprise et « les innovations » porteuses de développement sur le marché (par l’usage qu’en feront les collaborateurs et/ou les clients et partenaires).
Si les leaders autorisent leurs collaborateurs à regarder le monde qui les entoure pour le comprendre et s’en inspirer, s’ils partagent avec eux leur propre vision, alors des espaces d’initiatives cohérents avec les marchés et le positionnement voulu de l’entreprise peuvent émerger et favoriser l’innovation. Culture du groupe, sens du travail et modalités de l’action sont donc profondément liés dans le développement des structures innovantes.
Merci à Béatrice Francou – Fondatrice de Be and Do pour l’échange qui a nourri l’écriture de ce billet.