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26 juin 2015
Formation, thérapie, confessionnal ?
Les pratiques et gestes professionnels du coaching sont finalement assez peu connus des personnes qui en font la demande ou en sont destinataires. Lors des premiers entretiens émergent des questions parfois angoissées comme « est-ce normal si … » ou « et qu’est-ce que vous allez dire à mon patron de ce qu’on se raconte? », « et quand est-ce qu’on sait si ça a marché ? » …
Alors avant l’été et pour ceux qui s’interrogent sur les us et coutumes de ce lieu de parole dédié à notre lien au travail, voici une brève histoire de la rencontre, vue de la fenêtre du coach.
L’entretien préalable.
J’aime ce premier moment de la rencontre. Il ne présage de rien, puisque chacun est libre de choisir la personne qui l’accompagnera et donc de rencontrer plusieurs coachs préalablement. Pour autant, dans cet espace limité d’une heure, une heure et demie doit se créer assez d’intimité pour dire l’essentiel du besoin et des compétences qui permettront aux deux parties de se choisir. La gratuité de cet entretien garantit pour moi la liberté de la personne à faire la démarche et à choisir le coach qu’elle crédite des qualités d’accompagnement en lien avec ses besoins.
L’indispensable contrat
A l’issue de l’entretien ou après un temps de réflexion, la relation doit être contractualisée. Si le coaching est financé par une entreprise, un contrat tripartite sera élaboré entre le représentant de l’entreprise (souvent le hiérarchique), le coaché et le coach.
En cas de démarche personnelle, la même exigence de contrat doit prévaloir pour moi.
Dans le contrat seront définies les modalités légales et financières mais également les objectifs et les indicateurs d’atteinte des objectifs. Le temps de définition du contrat est un temps précieux de mise en cohérence des visions respectives de toutes les parties. Il permet d’ancrer la démarche dans des attentes réalistes en lien avec le poste occupé, les enjeux de l’entreprise, les besoins de la personne.
Les incontournables règles du jeu
Le contrat est aussi l’occasion de rappeler les règles d’accompagnement qui président à mon travail :
- Stricte confidentialité des entretiens,
- Réactivité : possibilité pour la personne de ne pas aller sur un domaine d’exploration qui pourrait être douloureux,
- Autonomie et développement : le coaching est une activité qui vise à développer l’autonomie des personnes dans la recherche de solutions efficaces et adéquates pour elles (et l’organisation lorsqu’elle est le commanditaire). Le coach n’a pas d’opinion sur ce qui doit être dit ou fait. Il accompagne la démarche de mise en conscience des situations à traiter et par sa posture favorise l’évolution.
- Engagement réciproque : le coaching trouve son efficacité dans l’engagement mutuel du coach et du coaché. Certaines personnes se trouvent très surprises de leur évolution rapide. Leur engagement dans la démarche en est pourtant la source même.
- Le droit de retrait du coach et du coaché, soit que le coach puisse se sentir instrumentalisé dans la démarche de l’entreprise[1], soit que le coaché puisse avoir besoin d’une autre forme d’accompagnement ou ne considère pas la démarche comme résolutoire pour lui.
Le temps du travail
Impossible de dire comment ou quoi. Chaque cas est unique. Les éléments facilitant la prise de conscience, le changement parfois, l’ajustement souvent sont multiples :
- la régularité de la rencontre,
- l’espacement des séances permettant de prendre conscience des évolutions et l’expérimentation de nouvelles solutions,
- le développement de la confiance ouvrant vers la puissance résolutoire individuelle,
- et ce lien d’intimité studieuse si particulier qui se noue et ne se vit que dans l’espace du coaching.
Le moment de conclure
En fonction de la nature des questions traitées, le coaching est en général un accompagnement bref entre 10 et 20 heures qui se déroule sur une période de trois à huit mois. Il peut être reconduit sur des objectifs nouveaux. Toute situation de coaching étant unique, il n’y a pas de règle absolue.
En revanche tout coaching doit donner lieu à une session de conclusion.
Dans le cadre d’un contrat tripartite, l’ensemble des signataires se retrouvera pour faire le constat de la situation à l’instant présent. Ce moment est souvent l’occasion d’un échange profond de signes de reconnaissance au coaché sur le travail accompli et l’engagement. Il permet la mesure du chemin parcouru, la possibilité de dire encore une chose découverte qui compte.
Je ne sais pas ce que ressent un coaché dans ce moment là de clôture de cet espace d’intimité. Pour ma part je suis à la fois heureuse de ce chemin et émue de bifurquer vers d’autres routes.
Chaque personne accompagnée construit ma propre route, me fait grandir et progresser. Chaque cas abordé nourrit ma pratique et me rend plus riche d’expériences et disponible aux prochains coachés qui viendront.
[1] La posture du coach fait débat notamment auprès des professionnels de la psychologie du travail considérant que l’entrée des coachs dans l’entreprise est une manière de maintenir le statut quo social en évitant la rupture pour les individus. Ce débat idéologique n’est pas dénué d’intérêt, notamment dans les cas de souffrance au travail et incite le coach que je suis à rester en alerte dans sa posture et à l’écoute des potentiels contrats cachés de l’organisation.