Retour à la page précédente
23 mai 2014
Un Jean de la Fontaine moderne aurait peut être écrit une fable sur ce thème en observant un dirigeant seul le soir, dans son bureau, scrutant le planning des projets en cours et à venir dans son entreprise. Il examine les tâches, l’avancée des différentes phases, la pose des jalons, les livrables livrés (ou non) … Que voit-il alors de la réalité de l’activité des équipes ? Quelle cohérence se dégage réellement de tous ces exercices de transversalité ? S’il n’est pas question de remettre en cause la nécessité d’organiser et de structurer les projets dans l’entreprise, il n’en reste pas moins que gérer des projets n’est pas diriger.
Susciter le désir
« Le chef d’entreprise est un professionnel du désir », disait joliment le philosophe André Comte Sponville dans une conférence sur le sens du travail dans une école de commerce Lyonnaise il y a quelques années. Il partait d’un double constat simple et réaliste. Le travail n’est pas une valeur morale, mais un moyen de « gagner sa vie », pour soi, pour ses enfants. Si je travaille c’est par désir de gagner de l’argent. C’est la fonction du travail. Un client achète aussi par désir d’acquérir quelque chose que possède l’entreprise, les fonctionnalités de son offre. Toutefois, baser le développement de l’entreprise sur la réponse aux besoins de fonctionnalités des collaborateurs et des clients n’est pas suffisant. Parce qu’un jour peut être, un autre « fournisseur de fonctionnalités » proposera à ceux qui participent de la pérennité de l’entreprise (clients et collaborateurs) d’autres fonctionnalités. C’est la loi du marché (y compris celui du travail, même si en période de crise, la pénurie d’emplois peut nous donner l’illusion qu’il ne fonctionnerait pas comme tous les marchés)
Il faut donc plus que de l’activité structurée, des salaires, des offres pour pérenniser ce groupe humain qu’est l’entreprise. Il faut du sens, celui qui nait du partage de la vocation de ce groupe à rester en cohésion et à trouver sa place sur son marché.
Promouvoir sa vision et les valeurs comme cadre de l’action
Accompagner la réflexion des dirigeants sur les valeurs et la vision n’est pas un gadget pour séminaire de Direction. Si chacun s’en empare comme un guide de l’élaboration et de la gestion des projets, elle peut se vivre comme un travail en profondeur sur ce qui permettra à l’entreprise de prendre racine dans son marché, à l’écoute non plus uniquement des besoins de fonctionnalités, mais des attentes d’utilités des clients et des collaborateurs.
En effet, définir le cadre éthique des activités internes et externes de l’entreprise (les valeurs) et la contribution de ce groupe humain au monde qui l’entoure (la vision) permet aux clients et aux collaborateurs de mesurer leur degré de satisfaction à participer à cette entreprise là ou à son écosystème. C’est un moyen de vérifier l’utilité générée autour du besoin exprimé en terme de fonctionnalité : gagner de l’argent ou acquérir un nouveau produit ou service. Le référentiel que posent les valeurs et la vision permet donc à chacun de calculer l’équation coût investi (temps, énergie, stress, argent, …) sur gain réel (salaire, produit, avantages symboliques et satisfaction au regard des conditions d’acquisition). Si le résultat de l’équation me paraît bénéfique, j’aurai vraisemblablement du plaisir à acheter vos produits ou à travailler avec vous. Sinon, …
Développer l’attractivité de l’organisation
En combinant désir et plaisir pour produire du sens, l’entreprise modifie les indicateurs de satisfaction des collaborateurs et des clients. Elle acquière alors plus de puissance de travail et de développement. De fait, collaborateurs et clients ne puisent pas leur motivation dans l’explicitation de la stratégie de l’entreprise (à travers sa communication), mais dans la cohérence perceptible dans la durée entre valeurs, vision, posture managériale, stratégie et comportements sur le marché.